Reportage dans les Alpes-de-Haute-Proven Objectif matière organique
Dans les Alpes-de-Haute-Provence, un réseau d’agriculteurs teste la mise en place de couverts entre les rangs de lavandin.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Sur le plateau de Valensole, dans les Alpes-de-Haute-Provence, le lavandin est roi. Et pour cause, la culture est parfaitement adaptée au climat et aux sols maigres du plateau. « En cinq ans, on a observé une forte augmentation des surfaces », fait savoir Romain Cansière, technicien à la Société coopérative agricole des plantes à parfum de Provence. Revers de la médaille : les rotations sont peu diversifiées, voire inexistantes pour ceux qui cultivent lavandin sur lavandin. Les sols du plateau sont appauvris, ce qui engendre des problèmes d’érosion et de qualité de l’eau, ayant conduit à des fermetures de captages.
Face à ce constat, le projet Regain a vu le jour en 2014, porté notamment par le parc naturel régional du Verdon. Il vise à accompagner l’évolution des pratiques agricoles sur le plateau de Valensole vers des systèmes plus durables. Parmi les différentes actions, un réseau « sols » a été constitué avec 23 lavandiculteurs.
Coriandre et triticale
« Des analyses physico-chimiques et biologiques ont été réalisées sur les parcelles du réseau en 2017, indique Perrine Puyberthier, l’animatrice du projet. Elles sont mises en perspective avec les pratiques des agriculteurs. Ceux-ci ont bénéficié de deux formations sur le fonctionnement des sols et plusieurs d’entre eux expérimentent de nouvelles pratiques, comme la mise en place de couverts entre les rangs de lavandin. »
Producteur de lavandin, Jacky Piatti en cultive 40 ha à Puimoisson. Il fait partie des quelques agriculteurs qui testent la mise en place de couverts végétaux entre les rangs de lavandin, sur 7 ha cette année. Plusieurs sont testés : triticale, coriandre ou mélange des deux. « Le semis est simple, et la coriandre concurrence les graminées », estime Jacky Piatti. Selon le technicien de la coopérative, ses couverts apportent cette année 13 tonnes de matière sèche à l’hectare pour la coriandre et 4,5 t/ha pour le triticale.
Lutte contre le dépérissement
En outre, les professionnels ont constaté que l’enherbement des parcelles permettait de lutter contre le dépérissement du lavandin, une maladie transmise par une cicadelle et dont on ne connaît pas de lutte directe. « Nous observons en moyenne une réduction de 50 % des symptômes en parcelle enherbée », fait savoir Marie Fontaine, du Crieppam (1). Sans que ce phénomène n’ait trouvé d’explication, il semblerait que les couverts soient la seule manière de contrer cette maladie… Et apporteraient donc de multiples avantages !
La pratique commence à faire tache d’huile parmi les lavandiculteurs du plateau. « Cette année, plus de 100 hectares ont été enherbés, indique Perrine Puyberthier. Il y a une bonne dynamique car les couverts se développent chez des agriculteurs qui ne sont pas dans le réseau. Nous encourageons les producteurs à apporter du compost (issu des pailles de lavandin, par exemple) sur leurs parcelles, ce qui permet de renforcer la matière organique humifiée du sol. »
Afin de vérifier que les couverts ne font pas concurrence au lavandin, un suivi des rendements et de la marge nette des cultures seules ou avec couverts sera réalisé. Le rendu final de ce projet est prévu pour 2020.
(1) Centre régionalisé interprofessionnel d’expérimentation en plantes à parfum aromatiques et médicinales.
[summary id = "10022"]
Pour accéder à l'ensembles nos offres :